Stratégie de Décarbonation : Comment Réduire ses Émissions ?
Fodil Boumeridja
Ingénieur des Mines de Paris
Chaque entreprise, qu’elle soit implantée en France métropolitaine ou ailleurs en Europe, doit aujourd’hui composer avec une réalité à la fois environnementale et économique. Le changement climatique transforme la manière de produire, de se déplacer et d’investir. Dans ce contexte, la stratégie de décarbonation devient un outil essentiel pour réduire les émissions, anticiper les obligations et construire une trajectoire compatible avec les attentes du marché comme avec les objectifs fixés par l’Union européenne, l’Accord de Paris et la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).
Mettre en place une stratégie de décarbonation ne consiste pas seulement à publier un document de référence ou à réaliser un bilan GES. Cela revient à engager une vision collective, à structurer une démarche appliquée aux différents volets de l’activité et à inscrire l’entreprise dans un avenir où compétitivité, durabilité et responsabilité climatique avancent ensemble.
E&F Consulting accompagne entreprises et collectivités dans leur transition énergétique, en concevant, analysant et optimisant leurs systèmes énergétiques.
1. Comment mettre en place une stratégie de décarbonation ?
Une stratégie de décarbonation efficace repose sur trois étapes : mesurer, planifier et piloter. Cette démarche permet d’assurer la cohérence du plan d’action, tout en créant les conditions pour atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif fixé à l’échelle européenne.
Définir la trajectoire carbone et mesurer l’existant (bilan carbone et scopes)
Tout commence par une mesure précise de l’impact climatique.
Le bilan carbone, ou bilan GES, permet d’identifier les scopes 1, 2 et 3, qui regroupent l’ensemble des émissions directes, indirectes et celles liées à la chaîne de valeur.
Ce travail constitue la base d’une stratégie claire, car il permet de :
- repérer les postes d’émissions les plus élevés ;
- établir un objectif de réduction cohérent ;
- comprendre les processus, les flux et les consommations énergétiques ;
- produire un premier document de référence partagé entre les parties prenantes.
Pour gagner en précision, certaines organisations complètent cette étape par des études énergétiques ou par des outils de comptabilité carbone qui facilitent la lecture dans le temps.
Construire une feuille de route climat alignée avec la SNBC et l’Accord de Paris
Une fois les émissions mesurées, il devient possible de structurer une feuille de route carbone. Cette feuille de route s’appuie sur plusieurs repères nationaux et européens :
- l’Accord de Paris, qui limite le réchauffement climatique à 1,5°C ;
- la SNBC, publiée par le gouvernement et l’ADEME ;
- les objectifs de France 2030, qui prévoient de moderniser l’industrie et de soutenir les technologies bas-carbone.
Une feuille de route efficace s’organise autour de quelques principes :
- une trajectoire chiffrée à horizon 2030, 2040 et 2050 ;
- un plan climat avec des actions priorisées ;
- l’intégration des mesures transversales (sobriété énergétique, rénovation, économie circulaire) ;
- une méthodologie claire, adaptée au secteur et aux obligations réglementaires.
Elle devient ainsi un guide opérationnel pour l’ensemble de l’organisation.
Mettre en œuvre des mesures transversales et assurer le pilotage dans la durée
La mise en œuvre nécessite un pilotage continu. Elle s’appuie sur des indicateurs de performance carbone, un budget annuel et un calendrier d’actions qui évoluent en fonction des résultats.
Les entreprises mobilisent souvent les leviers suivants :
- diminution de la consommation d’énergie ;
- optimisation de l’exploitation des bâtiments ;
- actions de sobriété énergétique ;
- intégration d’énergies renouvelables ;
- transformation de la mobilité ;
- amélioration des achats ;
- réduction du dioxyde de carbone à travers des mesures de décarbonation ciblées.
Ce travail nécessite une coordination régulière entre les services techniques, financiers, RH et communication pour maintenir une dynamique durable.
2. Quels sont les enjeux et bénéfices de la décarbonation ?
La décarbonation répond à des enjeux climatiques évidents, mais elle offre aussi des bénéfices économiques, humains et organisationnels. Elle concerne à la fois l’industrie, les bâtiments tertiaires, les collectivités et toutes les organisations implantées en France.
Répondre à l’urgence climatique et aux obligations environnementales
Le réchauffement climatique, la perte de biodiversité et la pollution de l’air constituent des défis majeurs. En parallèle, la loi Climat et Résilience, la CSRD et les réglementations européennes renforcent la nécessité d’agir.
La décarbonation permet donc de :
- répondre aux attentes légales ;
- lutter contre les risques climatiques et environnementaux ;
- contribuer aux engagements nationaux et européens ;
- assurer la conformité des sites industriels et tertiaires.
Renforcer la compétitivité économique et la maîtrise des coûts
La décarbonation représente également une opportunité économique. En réduisant la consommation d’énergie, l’organisation maîtrise ses coûts d’exploitation, notamment dans un contexte où le prix de l’électricité et du gaz reste volatile.
Les principaux bénéfices sont :
- une réduction durable des dépenses énergétiques ;
- une anticipation des futures taxes carbone ;
- un meilleur accès aux financements publics et européens ;
- une valorisation des engagements ESG ;
- un avantage concurrentiel sur les marchés à appel d’offres.
Donner du sens, mobiliser les équipes et valoriser l’engagement durable
La transition bas-carbone renforce la culture interne. Elle encourage la sensibilisation, le partage d’objectifs communs et une plus grande cohésion entre les équipes.
Elle permet également de :
- développer une vision partagée de l’avenir ;
- renforcer l’engagement des collaborateurs ;
- attirer de nouveaux talents sensibles aux questions environnementales ;
- encourager des initiatives locales ou transversales.
La décarbonation devient ainsi un levier collectif autant qu’une nécessité réglementaire.
3. Quelles solutions pour décarboner l’industrie et les organisations ?
Les solutions varient selon le secteur, la taille de l’entreprise et la maturité carbone. Toutefois, trois grandes catégories de leviers se retrouvent dans la majorité des stratégies en France et en Europe.
Réduire les consommations d’énergie et moderniser les procédés
La réduction à la source constitue le premier levier. Elle peut prendre plusieurs formes, parmi lesquelles :
- l’amélioration de l’efficacité énergétique (CVC, éclairage LED, GTB, isolation) ;
- la rénovation énergétique ;
- l’optimisation des procédés industriels ;
- la récupération de chaleur sur les process ;
- la réduction des pertes ou des dérives d’exploitation.
Ces actions sont souvent rapides à mettre en œuvre et apportent des résultats immédiats.
Substituer les énergies fossiles par des solutions bas-carbone et renouvelables
La substitution énergétique permet de réduire fortement les émissions.
Parmi les technologies disponibles aujourd’hui, on retrouve :
- la biomasse et le biométhane ;
- l’hydrogène ;
- le solaire photovoltaïque ;
- les pompes à chaleur haute et très haute température ;
- le stockage ou le captage de carbone ;
- la modernisation des équipements électriques.
Toutes ces solutions contribuent à la réduction du carbone dans l’industrie et à l’amélioration de la compétitivité.
Transformer la mobilité, la logistique et la chaîne d’approvisionnement
La mobilité représente un enjeu majeur.
Les organisations peuvent agir en :
- développant des flottes électriques ou hybrides ;
- encourageant le report modal ;
- rationalisant les transports ;
- améliorant la logistique ;
- intégrant l’économie circulaire dans les achats (matériaux, emballages, produits).
Ces actions complètent les mesures énergétiques et renforcent la cohérence interne.
4. Comment financer la décarbonation ?
Le financement constitue l’un des leviers déterminants pour mettre en œuvre des projets bas-carbone à l’échelle d’une organisation.
Mobiliser les aides publiques et les financements européens
Plusieurs dispositifs permettent de soutenir les projets :
- les programmes de l’ADEME ;
- les fonds européens ;
- les subventions régionales ;
- les appels à projets pour l’industrie ;
- les aides issues du plan France 2030.
Un tableau peut aider à clarifier :
Mettre en place un budget carbone et prioriser les investissements
Le budget carbone permet d’aligner les finances et les objectifs climatiques.
Il aide à :
- hiérarchiser les actions selon leur impact ;
- évaluer les coûts dans le temps ;
- investir dans les solutions les plus pertinentes ;
- structurer le plan de transition.
Impliquer partenaires, fournisseurs et acteurs financiers
La décarbonation ne se limite pas aux frontières de l’entreprise.
Elle nécessite une collaboration avec :
- les fournisseurs ;
- les partenaires techniques ;
- les acteurs financiers ;
- les collectivités locales.
Ces relations renforcent la cohérence de la stratégie et améliorent le déploiement des solutions.
5. Comment suivre, évaluer et ajuster sa stratégie de décarbonation ?
L’évaluation permet de vérifier l’efficacité des actions engagées et d’ajuster la trajectoire lorsque cela devient nécessaire.
Mesurer l’empreinte carbone année après année
Cette étape consiste à actualiser le bilan carbone pour suivre l’évolution des émissions.
Elle permet de :
- comparer les résultats avec les objectifs ;
- mettre en évidence les progrès ;
- ajuster les actions insuffisantes ;
- vérifier la cohérence avec la trajectoire de décarbonation.
Assurer la conformité aux cadres réglementaires en France et en Europe
Les réglementations évoluent rapidement.
Les entreprises doivent donc suivre :
- la CSRD ;
- les directives européennes ;
- les obligations locales ;
- les normes environnementales sectorielles ;
- les publications de l’ADEME ou de la Commission européenne.
Ajuster les actions et préparer les nouveaux volets de transition
En fonction des résultats, il devient parfois nécessaire de :
- renforcer certains volets du plan climat ;
- intégrer de nouvelles technologies ;
- moderniser les infrastructures ;
- préparer l’horizon 2030 ou 2050.
La stratégie devient ainsi un outil vivant, qui accompagne la transformation de l’organisation.
FAQ
Comment mettre en place une stratégie de décarbonation ?
Elle repose sur trois étapes : mesurer, planifier et piloter. Le bilan GES constitue la base du plan d’action.
Quels sont les objectifs d’une stratégie de décarbonation ?
Elle vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à maîtriser les coûts et à renforcer la résilience face aux risques climatiques et réglementaires.
Quelles sont les solutions pour décarboner l’industrie ?
Les solutions incluent l’efficacité énergétique, la modernisation des procédés, les énergies renouvelables et la transformation de la mobilité.
Comment financer la décarbonation ?
Les entreprises peuvent s’appuyer sur les programmes ADEME, les fonds européens, les aides régionales et les dispositifs de France 2030.
Quelle est la différence entre neutralité carbone et zéro émission ?
La neutralité carbone combine réduction des émissions et compensation via des puits de carbone, tandis que le zéro émission vise une absence totale d’émissions.
Comment suivre l’évolution de mon impact carbone ?
Le suivi repose sur une mise à jour annuelle du bilan GES, des indicateurs de performance et un tableau de bord carbone.
À propos de l’auteur
Ingénieur des Mines de Paris, Fodil Boumeridja combine 15 années d’expérience dans la conception, l’exploitation et la gestion des systèmes fluides et énergétiques. Leader dans son domaine, Fodil se distingue par sa capacité à allier vision stratégique et maîtrise technique, contribuant ainsi à l’efficacité énergétique et à la durabilité des infrastructures qu’il accompagne.
Pourquoi se faire accompagner par un cabinet de conseil en transition énergétique ?
Un cabinet comme E&F Consulting apporte :
- Une vision stratégique et technique,
- Une expertise réglementaire (décret tertiaire, audit, ISO…),
- Un accompagnement au financement (CEE, aides publiques),
- Un pilotage structuré basé sur des indicateurs objectifs,
- Un support opérationnel dans le choix et le déploiement des solutions.
Eric COUPAYE
Ingénieur des Mines de Paris
Fodil BOUMERIDJA
Ingénieur des Mines de Paris