Bâtiment tertiaire : définition et obligations du décret tertiaire
Fodil Boumeridja
Ingénieur des Mines de Paris
Dans le parc immobilier français, les bâtiments tertiaires occupent une place essentielle. Bureaux, commerces, établissements de santé ou d’enseignement : ces lieux accueillent chaque jour des milliers de personnes et mobilisent de nombreux équipements techniques. Ils sont donc au cœur des enjeux de consommation d’énergie, de climat, et de transition énergétique.
Avec le décret tertiaire, la hausse du coût de l’énergie et la nécessité de réduire durablement les émissions, propriétaires et gestionnaires doivent comprendre comment fonctionne ce parc, quelles sont leurs obligations et comment mettre en place un plan d’action efficace.
E&F Consulting accompagne entreprises et collectivités dans leur transition énergétique, en concevant, analysant et optimisant leurs systèmes énergétiques.
1. Qu’est-ce qu’un bâtiment tertiaire ?
Un bâtiment tertiaire est un bâtiment dédié à une activité de service. Il ne s’agit ni d’un logement, ni d’un site industriel : ce sont des lieux de travail, de commerce, d’accueil ou de soin. On parle aussi de bâtiments à usage tertiaire.
Définition et caractéristiques
Un bâtiment tertiaire est un espace où l’on exerce une activité professionnelle nécessitant :
- du chauffage, de la ventilation ou de la climatisation,
- un éclairage conséquent,
- des systèmes techniques (ascenseurs, sécurité, contrôle d’accès),
- des équipements informatiques ou bureautiques,
- parfois de l’eau chaude sanitaire selon l’usage (santé, sport, restauration).
Ces bâtiments accueillent du public ou des salariés, et fonctionnent avec des horaires souvent larges. Ils sont donc fortement dépendants de leurs installations techniques, ce qui explique leur poids dans la consommation énergétique nationale.
Exemples de bâtiments tertiaires
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Catégorie |
Exemples |
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Bureaux et administrations |
Entreprises, collectivités, agences |
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Commerce |
Magasins, centres commerciaux, restauration |
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Santé |
Hôpitaux, cliniques, cabinets médicaux |
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Éducation |
Écoles, universités, centres de formation |
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Hôtellerie et tourisme |
Hôtels, résidences de tourisme |
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Sport et culture |
Gymnases, piscines, médiathèques |
Le secteur tertiaire est l’un des plus représentés en France, ce qui en fait un levier majeur pour réduire les consommations.
2. Décret tertiaire : obligations, objectifs et fonctionnement
Le décret tertiaire (ou dispositif Éco Énergie Tertiaire) impose une trajectoire de réduction des consommations d’énergie aux bâtiments d’une certaine taille. Il constitue aujourd’hui le cadre réglementaire de référence pour le parc tertiaire.
Qui est concerné ?
Le dispositif s’applique à :
- tout bâtiment ou partie de bâtiment à usage tertiaire,
- d’une surface de plancher ≥ 1 000 m²,
- appartenant à un propriétaire public ou privé,
- occupé par une personne morale ou physique (entreprise, administration, commerce, etc.).
Plusieurs bâtiments sur un même site peuvent être cumulés pour atteindre le seuil.
Les objectifs à atteindre
Le décret fixe des objectifs progressifs :
- –40 % en 2030,
- –50 % en 2040,
- –60 % en 2050,
Ces objectifs peuvent être atteints de deux façons :
- Approche relative : comparer la consommation actuelle à une année de référence (entre 2010 et 2019).
- Approche en valeur absolue : atteindre un seuil officiel fixé par arrêté selon la catégorie d’activité.
Les bâtiments peuvent donc choisir la méthode la plus adaptée à leur situation.
La plateforme OPERAT
Chaque année, le propriétaire ou l’exploitant doit déclarer ses données sur la plateforme OPERAT (ADEME).
On y renseigne :
- les consommations par type d’énergie,
- les surfaces concernées,
- les usages associés,
- les actions réalisées.
OPERAT fournit ensuite une attestation numérique, preuve de conformité. En cas de manquement, des sanctions administratives peuvent être appliquées.
3. Rénover un bâtiment tertiaire : étapes clés et leviers d’amélioration
Pour réduire durablement la consommation d’un bâtiment tertiaire, il faut structurer les actions autour de trois axes : analyse, travaux, pilotage.
3.1 Identifier les gisements d’économies
Tout commence par une analyse :
- audit énergétique,
- étude des consommations réelles,
- vérification des systèmes de chauffage, ventilation, climatisation et éclairage,
- relevé des usages selon l’occupation réelle.
Ce diagnostic permet d’identifier :
- les postes les plus énergivores,
- les dérives de fonctionnement (chauffage activé hors occupation, ventilation excessive),
- les actions prioritaires pour réduire la consommation sans pénaliser le confort.
Il constitue également la base du dossier technique utile au décret tertiaire.
3.2 Améliorer l’efficacité énergétique du bâtiment
Selon les résultats du diagnostic, plusieurs types d’actions peuvent être engagées.
Actions rapides (sans travaux lourds)
- mise à jour des horaires de chauffage et ventilation,
- ajustement des consignes,
- réduction des débits d’air hors occupation,
- bonnes pratiques des occupants,
- optimisation d’une GTB existante.
Ces actions permettent déjà de réduire la consommation.
Travaux de rénovation (coûts modérés)
- éclairage LED,
- détecteurs de présence,
- équilibrage des réseaux CVC,
- mise en place d’une GTB de niveau 2,
- protections solaires pour améliorer le confort d’été.
Travaux plus importants
- isolation de toiture ou de façades,
- remplacement des menuiseries,
- modernisation des systèmes CVC,
- installation de pompes à chaleur,
- raccordement à un réseau de chaleur renouvelable,
- installation de panneaux photovoltaïques.
Ces travaux permettent d’atteindre plus facilement les objectifs de long terme.
3.3 Adopter une gestion énergétique régulière
La rénovation ne suffit pas : le bâtiment doit être suivi dans le temps. Cela implique :
- un contrôle mensuel des consommations,
- une mise à jour des réglages selon les besoins,
- une maintenance régulière,
- l’utilisation d’outils de monitoring ou de GTB pour détecter les écarts,
- la formation des équipes.
Cette gestion continue est indispensable pour maintenir, puis améliorer les résultats.
4. Aides financières et dispositifs disponibles
Le financement est un enjeu clé pour les entreprises et les collectivités. Plusieurs solutions existent pour alléger le coût des projets.
Principaux dispositifs d’aide
- CEE (Certificats d’Économies d’Énergie) : financement direct de nombreux travaux (CVC, isolation, GTB, éclairage…).
- Aides ADEME et dispositifs régionaux : soutien à certains travaux ou études.
- Décret BACS : obligations d’automatisation qui peuvent être financées via des fiches CEE.
- Fonds chaleur (selon les cas) : soutien au remplacement des chaudières gaz/fioul.
- Subventions locales : selon les régions et agglomérations.
Construire un plan de financement
Pour sécuriser un projet, il est utile de :
- partir d’un audit ou d’une étude sérieuse,
- évaluer les économies potentielles,
- calculer un ROI,
- mobiliser les subventions pertinentes,
- séquencer les travaux dans le temps.
Cette approche rend les projets plus accessibles et plus fiables pour les décideurs.
5.Le bâtiment tertiaire dans la transition énergétique
Améliorer les performances du parc tertiaire ne répond pas seulement à des obligations. Cela contribue à une évolution plus large :
- réduire les consommations d’énergie,
- diminuer les émissions,
- renforcer le confort et la qualité de l’air,
- protéger la valeur immobilière,
- s’aligner avec les objectifs des politiques climatiques en France.
Les outils numériques, les systèmes de pilotage (GTB) et les nouvelles technologies permettent désormais d’aller plus loin en utilisant les données pour mieux gérer les bâtiments.
FAQ
Qu’est-ce qu’un bâtiment tertiaire ?
C’est un bâtiment dédié aux activités de services : bureaux, commerce, santé, enseignement, hôtellerie, sport, culture…
Quels bâtiments sont concernés par le décret tertiaire ?
Les bâtiments ou parties de bâtiments dont la surface tertiaire est supérieure ou égale à 1 000 m², qu’ils soient publics ou privés.
Quels sont les objectifs du décret tertiaire ?
Réduire la consommation d’énergie finale de 40 % d’ici 2030, 50 % d’ici 2040, 60 % d’ici 2050.
Comment réussir une rénovation énergétique ?
En commençant par un diagnostic complet, puis en priorisant les actions : optimisation de la régulation, travaux ciblés, modernisation des équipements et suivi régulier des performances.
Quelles aides sont disponibles ?
Les principaux dispositifs sont les CEE, les aides ADEME, les subventions locales et les obligations du décret BACS pour la gestion technique.
Pourquoi ce sujet est-il si important ?
Parce que le parc tertiaire représente une part majeure de la consommation nationale et joue un rôle clé dans les objectifs de neutralité carbone.
À propos de l’auteur
Ingénieur des Mines de Paris, Fodil Boumeridja combine 15 années d’expérience dans la conception, l’exploitation et la gestion des systèmes fluides et énergétiques. Leader dans son domaine, Fodil se distingue par sa capacité à allier vision stratégique et maîtrise technique, contribuant ainsi à l’efficacité énergétique et à la durabilité des infrastructures qu’il accompagne.
Pourquoi se faire accompagner par un cabinet de conseil en transition énergétique ?
Un cabinet comme E&F Consulting apporte :
- Une vision stratégique et technique,
- Une expertise réglementaire (décret tertiaire, audit, ISO…),
- Un accompagnement au financement (CEE, aides publiques),
- Un pilotage structuré basé sur des indicateurs objectifs,
- Un support opérationnel dans le choix et le déploiement des solutions.
Eric COUPAYE
Ingénieur des Mines de Paris
Fodil BOUMERIDJA
Ingénieur des Mines de Paris